L’histoire méconnue de Yonger & Bresson

Dans le monde des amateurs d’horlogerie, la marque Yonger et Bresson suscite des réactions très diverses. Il y a les méchants snobs qui la regardent encore de haut avec mépris et il y a ceux qui comme nous, la considèrent désormais comme une marque culte. Mais ces attitudes très contrastées s’expliquent peut-être par le fait que l’histoire de la marque est assez peu connue, les informations à ce sujet étant rares sur internet.

Aujourd’hui solidement établie dans l’industrie franc-comtoise, Yonger et Bresson est une marque parisienne dont les origines sont relativement modestes. Elle connait cependant une certaine renommée dans les années 1980 avec ses célèbres publicités pleines de fantaisie, notamment son slogan ultra-catchy qui a marqué toute une génération dans les années 1980.

La marque a été fondée vers 1973-1975 par les frères Louzon, deux petits entrepreneurs basés dans le Marais à Paris. Le nom de la marque n’est donc pas celui des fondateurs, mais a été choisi pour évoquer la jeunesse (younger) et la précision, Bresson faisant référence au célèbre photographe Henri Cartier-Bresson. Cartier était déjà pris depuis un bail, de toute évidence.

Les deux frères décident de coiffer la marque d’une couronne qui demeure aujourd’hui un élément incontournable du logo Y&B.

On sait très peu de choses sur les Louzon. On ignore même leurs prénoms jusqu’à ce jour. Le blog URSS Watch nous apprend que les deux frères étaient originellement associés à René Attias, fondateur et propriétaire de la marque Navitec (anciennement Kamatz), aujourd’hui spécialisée dans les montres à destination des professionnels de l’aviation privée.

Dès leurs débuts, les frères Louzon se sont focalisés sur la solidité des pièces, sur un mélange entre design classique et moderne, ainsi que sur la force du marketing. Installés dans le Marais, qui était alors déjà l’un des quartiers branchés de Paris, les deux frères rencontrent assez rapidement le succès auprès d’une clientèle urbaine et chic.

A cette époque, la marque se contente de faire de l’assemblage et de l’emboîtement à partir de pièces d’horlogerie achetées au Japon (Miyota) ainsi qu’en URSS, notamment des mouvements mécaniques Poljot 2612 issus de la Fabrique d’Etat n°1 de Moscou, eux-mêmes des copies du mouvement suisse Shield AS1475 qui équipait les anciennes Vulcain Cricket. Du solide.

D’ailleurs, les modèles vintage Yonger et Bresson « made in USSR » sont extrêmement rares et prisés aujourd’hui par les collectionneurs. Vous pourrez en voir quelques beaux modèles sur le blog URSS Watch.

Comme indiqué plus haut, la stratégie des deux frères est alors de se concentrer sur le design et sur l’image. On ignore d’ailleurs s’ils étaient eux-mêmes horlogers de formation. Ce qui est certain, c’est qu’ils furent des créateurs et des entrepreneurs de talent.

En effet, la formule va réussir à merveille. Entre la fin des années 1970 et le début des années 1980, les ventes décollent et la marque rencontre un franc succès commercial. Y&B vend des montres de qualité à l’esthétique classique et chic, pour des prix relativement abordables.

Pour des raisons qui leur appartiennent, les deux frères décident pourtant de vendre la marque au sommet de leur gloire. Yonger et Bresson est ainsi vendue à un industriel suisse du nom de Bourquin, qui semble-t-il, développait alors déjà des mouvements pour la marque.

La date exacte de la vente diffère selon les témoignages. Certains mentionnent l’année 1985, tandis que le fils de l’un des deux frères Louzon, Victor, a déclaré que la vente a eu lieu en 1989. Il affirme par ailleurs que la marque a été lancée en 1973 et non en 1975, date officiellement retenue aujourd’hui. Anecdote au passage : le fils en question, Victor Louzon, est lui aussi devenu concepteur de montres, bien que dans un style très différent de celui de Y&B.

A partir du rachat de Y&B, il semble que la stratégie commerciale de la marque se soit éloignée de son segment parisien-chic des origines pour s’orienter de plus en plus vers le segment entrée de gamme, avec des montres qui avaient certes le mérite de rester abordables, mais dont la qualité esthétique (et matérielle) pouvait, paraît-il, parfois laisser à désirer. Mais le vrai problème à cette époque a été le positionnement de la marque elle-même, dont l’image va alors être durement écornée.

Comme le note le blog Jamais Vulgaire dans un article consacré à Yonger et Bresson :

La marque fonctionne très rapidement et est revendue dans les années 80: elle laisse de côté l’identité au départ parisienne de la maison pour une gamme large et grand public (avec beaucoup de quartz bon marché) à grand renforts de campagnes publicitaires. Bref, un peu la même erreur stratégique qu’ont pu faire des marques françaises comme LIP : un vrai casse-tête à rattraper ensuite en termes d’image.

En effet, il semble que cette stratégie à la limite du discount n’ait pas été des plus heureuses, aussi bien en termes d’images de marque que de résultats commerciaux. Dès 1990, l’industriel Bourquin se sent contraint de revendre la marque au groupe Ambre, à peine cinq ans après l’avoir acquise. Yonger et Bresson revient donc sous pavillon français et le demeure à ce jour.

L’activité de Yonger et Bresson est assez obscure dans les années 1990. Nous ne disposons que de peu d’informations à ce sujet. On retiendra cependant cette publicité diffusée en 1994 qui nous ramène à la grande époque de l’OM de Tapie, du PSG de Rai et d’Hélène et les garçons. On note que le slogan « des montres à la précision suisse » est désormais remplacé par « des montres vraiment vraiment très chic« .

En 1990, année du rachat de la marque par le groupe Ambre, une série de publicités est lancée sur le petit écran, chaque spot faisant la promotion des collections de l’époque. On retiendra cette pub hilarante pour la collection « Les rythmiques » mettant en scène des danseurs africains frénétiques.

Malgré le manque d’informations, on peut toutefois évoquer le modèle quartz « chronographe » qui est probablement l’un des plus emblématiques de la marque. Il semble que ce soit aux débuts de l’ère Ambre que ce modèle à succès fasse son apparition. Ici, un modèle à édition limitée spécialement produit pour une mission des Nations Unies en Yougoslavie :

Basé à Morteau en Franche-Comté, le groupe Ambre est originellement une entreprise familiale spécialisée dans le négoce, fondée en 1965. Petit à petit, elle se spécialise dans le rachat de marques horlogères françaises connues du grand public. Elle détient aujourd’hui des marques populaires telles que Yema, Catena, Cacharel ou encore Daniel Hechter.

Contrairement au précédent propriétaire, les dirigeants du groupe Ambre cherchent à recentrer la marque Y&B vers son segment originel de montres chic, classiques et relativement accessibles. Faute d’informations sur les activités de la marque dans les années 1990, nous passons directement aux années 2000.

A partir de cette époque, le groupe Ambre décide de passer à la vitesse supérieure en dotant la marque d’une vraie gamme de montres à mouvements automatiques. D’après ce que nous en savons, les mouvements mécaniques n’étaient pas une nouveauté sur les modèles Y&B, mais sous l’ère des frères Louzon, ces mouvements étaient pré-assemblés, voire entièrement montés et emboîtés en URSS. Désormais, le groupe Ambre ambitionne de doter la marque de ses propres mouvements, développés spécifiquement pour elle.

Les années 2000 demeurent pourtant une période assez floue sur le plan du positionnement de la marque. La direction cherche sincèrement à monter en gamme, mais tout en continuant à mettre sur le marché des modèles très inégaux, tant en matière d’esthétique que de qualité. Il me semble que c’est à cet époque que l’on voit apparaître d’affreux modèles que l’on retrouve encore parfois sur Leboncoin. Fort heureusement, ils tendent à disparaître. Ce positionnement confus était sans doute lié à des nécessités commerciales : il s’agissait d’écouler les stocks.

Enfin, à partir de 2007 s’ouvre une nouvelle ère pour Yonger et Bresson qui est désormais en mesure de doter certains de ses modèles haut-de-gamme de tourbillons.

Les débuts de ce renouveau ne sont pas faciles. On peut même parler de bad buzz suite à l’exposition, en 2007 à Baselworld, de modèles à tourbillons chinois nichés sous un cadran estampillé « fabriqué en France ». Les réactions du milieu des amateurs de montres ne furent pas tendres à l’époque, comme en atteste encore le début de ce topic sur le F.A.M, d’autant plus que certains modèles étaient alors vendus à plus de 12 000 euros (!), puis « bradés » à moitié prix sur le site Vente Privée où le groupe Ambre avait visiblement l’habitude d’écouler ses stocks d’invendus au design souvent très laid, ce qui ne fut pas du meilleur effet pour l’image de la marque. Paradoxalement, les modèles automatiques de cette époque sont aujourd’hui parmi les plus difficiles à trouver en occasion.

Avec le recul, ces réactions de mépris à l’égard des mouvements chinois prêtent à sourire, lorsque l’on connait le cahier des charges du label « Swiss Made » et que celui-ci permet allègrement à des « grandes marques » de vendre à prix d’or des modèles remplis de pièces venues d’Asie. Le mépris pour les pièces chinoises se rencontre encore chez certains vieux de la vieille habitués au mythe des produits « chinetoque ». Or, nous ne sommes plus dans les années 1990. Aujourd’hui, la Chine est l’usine du monde et elle est parfaitement capable de produire des pièces d’horlogerie de haute qualité.

Heureusement, bien d’autres amateurs plus raisonnables saluèrent les efforts sincères de la direction qui affichait l’objectif de développer ses propres mouvements automatiques sur son site de Morteau. Des efforts qui permirent de consolider la présence de l’industrie horlogère française traditionnellement implantée dans le Doubs.

En 2011, le défi est en partie relevé. Les montres Y&B disposent désormais de leur propre mouvement automatique maison, le mouvement « Ambre » (MPB) entièrement conçu et assemblé dans le Doubs, bien que les pièces elles-mêmes soient encore fabriquées en Chine. La marque présente au Baselworld la première série de cette nouvelle ère, déclinée en trois versions portant le nom de célèbres châteaux français.

Ci-dessous, le modèle « Versailles », vendu à l’époque pour la somme très modique de 400 €, est devenu un grand classique de la marque.

A la même époque sort également la Chenonceau :

La De Vigny est également présentée au Baselworld 2012 :

Idem, cette même année sort la très belle La Vallière :

Pour finir, notons aussi la magnifique Molière :

Anecdote personnelle, c’est à cette époque que j’entends parler pour la première fois de Yonger & Bresson. Entre deux révisions de partiels au milieu de la nuit, je tombe sur cette publicité qui réactualise le célèbre jingle dans une ambiance sleaze-chic typique du début des années 2010. J’avais alors été surpris de ne plus jamais être tombé sur cette pub (le budget avait peut-être été prévu pour un seul passage), mais l’effet fut efficace. L’univers historique de la marque m’était communiqué en un instant. Pour un étudiant néo-réac comme moi, ces montres classiques, abordables et à l’histoire quelque peu chaotique collaient très bien avec mon style prep à la française.

C’est donc à partir du début des années 2010 que l’on commence à voir apparaître des modèles Y&B à mouvement automatique fort charmants et aux prix assez corrects. J’oserais même dire que l’on commence à distinguer une certaine tradition esthétique Yonger et Bresson, que le groupe Ambre réussira parfaitement à maintenir, tout en rationalisant sa gamme. L’offre un peu bordélique qui caractérisait jadis la marque devient plus cohérente, proposant des modèles quartz et automatiques pour hommes et femmes qui maintiennent l’équilibre entre esprit rebelle et conservatisme chic.

En 2021, la marque revient sur le devant de la scène avec sa très audacieuse « Le Singulier », lancée en pré-vente sur Kickstarter avec succès. Le groupe Ambre a indéniablement tenu ses promesses : Y&B dispose désormais d’une gamme cohérente et attractive, ainsi que d’une assise solide dans le fief de Morteau où sont développés et fabriqués les modèles.

En termes de développement, la marque a définitivement franchi un pas en se payant les services du designer Gabriele Guidi, une référence dans l’industrie, qui participe donc à la conception du modèle Le Singulier.

Avec sa forme tonneau, son cadran squelette et son bracelet silicone, la Singulier est une belle synthèse entre modernité et tradition. Un petit côté steampunk en quelque sorte. A travers le verre, on peut admirer le mouvement Miyota 8N24. Si le style vous fait penser à du Franck Muller, c’est normal : Gabriele Guidi a travaillé pour lui.

Ce n’est pas du tout mon style de montre, mais il faut admettre que c’est une très belle pièce qui a beaucoup étonné en proposant un prix de vente très modique à partir de 599 €, ce qui n’est pas courant sur ce type de modèle.

En bref, il nous semble que la longue traversée du désert s’est achevée pour Yonger et Bresson. Le site affiche un catalogue de montres très plaisantes et esthétiquement cohérentes, avec des modèles classiques comme on les aime, d’autres plus épurés et urbains, et d’autres un peu plus baroques, mais toujours sobres.

Actuellement, tous les modèles automatiques vendus en neuf chez Y&B incorporent le fameux mouvement maison « Ambre », hormis les modèles de la collection Le Singulier qui disposent du mouvement Miyota, ainsi que certains modèles (Beaumesnil par exemple) qui disposent d’un mouvement Seiko NH36.

En ce qui concerne les prix, les montres Yonger et Bresson sont vendues généralement à partir de 69 € pour les modèles quartz, à partir de 249 € pour les modèles à mouvement automatique et autour de 529 € pour les trois modèles de la collection Le Singulier. Tout ceci fait donc de Yonger et Bresson une très bonne marque française de milieu de gamme où l’on trouvera sans peine de très beaux modèles qui feront plaisir à collectionner (surtout en occasion) ou à offrir autour de nous.

Mes modèles favoris sont évidement les modèles classiques : j’attache plus d’importance à l’esthétique d’une montre qu’aux complexités de son mouvement, pourvu qu’il me donne l’heure de manière fiable et que la couronne ne me reste pas dans la main au premier réglage.

L’une de mes Y&B favorites est assurément la superbe Rambouillet, qui est à mes yeux une petite synthèse d’élégance française :

Autre petite merveille, la Montfort, qui n’est plus au catalogue et qui devrait donc faire l’objet de recherches actives de la part des collectionneurs avertis :

Etant d’avantage un amateur d’esthétique plutôt que de pure horlogerie, je n’ai aucun problème à porter et à apprécier des montres à quartz (je ne les achète que d’occasion cela étant dit).

Cela tombe bien puisqu’on trouve sur internet plein de vestiges des époques fastueuses et/ou tumultueuses de la marque.

Il faut bien sûr faire le tri, car on rencontre encore parfois de pures horreurs esthétiques tout droit sorties des enfers de l’horlogerie moderne, le genre de pièces probablement refilées avec un abonnement Auto-Moto en 2002 ou vendues comme cadeau de dernière minute au Cora Mundolsheim.

Une fois le tri opéré, on peut alors se concentrer sur des quartz incontournables, à commencer par le classique Chronographe Yonger et Bresson, qui a manifestement été l’un des grands succès commerciaux de la marque vu le nombre de modèles que l’on trouve encore sous différentes déclinaisons ici et là sur internet. Le Chronographe a été ma première Y&B. C’est une montre simple, sobre, extrêmement fiable et robuste, avec un côté administratif, anti-fashion, qui me plait beaucoup. J’avais acheté la mienne avec quelques égratignures pour à peine 15 € il y a quelques années, mais il désormais courant de voir les gens la mettre en vente à 50 €, 80 € ou même 100 €.

On peut trouver la Chronographe sous des déclinaisons variées. Les versions des années 1990 proposent parfois un boitier différent, parfois avec une lunette rotative, et hélas, aussi parfois dans un style biodesign absolument immonde. Mieux vaut éviter ces modèles qui ne valent rien pour se concentrer sur les vraies et belles Chronographes, comme par exemple cette superbe version « professional » dotée d’un délicieux cadran bleu nuit.

Depuis 2011, Yonger & Bresson a aussi produit quelques chronographes automatiques, comme ce beau modèle La Fontaine (YBH 8302C-02), désormais très difficile à trouver :

Un autre modèle relativement répandu est cette jolie Quartz à boitier rectangulaire que je trouve très classe, seyant aussi bien aux hommes qu’aux femmes avec son bracelet alligator d’origine, son fond acier et sa petite pochette de velours. J’avais acheté ce modèle pour 10 € sur Leboncoin il y a un ou deux ans et j’avais été surpris par sa taille (plus grande qu’il n’y parait sur la photo), par sa qualité de fabrication et par le raffinement discret de son cadran. Là aussi, je constate qu’aujourd’hui, ce modèle, plus difficile à trouver que les Chronographes, se vend rarement en dessous de 40 €.

Ma première Y&B automatique a été ce très sympathique modèle Diderot (YBH8314), bien que je ne porte pas l’encyclopédiste éponyme dans mon cœur. J’avais été agréablement surpris par la qualité de fabrication de ces montres. Ma surprise fut encore plus grande lorsque je mis récemment en vente cette pièce sur Vinted et Leboncoin et que le jour même, une petite dizaine d’acheteurs intéressés me contactèrent avec insistance. C’est selon moi le signe que les gens commencent à se rendre compte de l’intérêt des montres Yonger et Bresson.

Mention spéciale pour le modèle La Boissière (YBH 8342-22) lui aussi issu de la décennie 2010, époque à laquelle, selon moi, on trouve parmi les plus beaux modèles automatiques de la marque.

La gamme féminine de Yonger et Bresson est elle aussi revenue à l’esprit originel de la marque en proposant des modèles épurés, élégants et sobres. J’avais par le passé offert à une amie un modèle Chlotilde doré qui avait beaucoup plu.

Yonger et Bresson propose seulement deux modèles automatiques pour les femmes, ce qui peut sembler peu, mais qui est toujours plus que d’autres marques qui ne jugent pas utiles de proposer ce genre de pièces à ce segment de clientèle.

En revanche, en cherchant bien, on peut trouver de très beaux modèles femmes des années 1980/1990, souvent en quartz, et parfois en mécanique.

Pour ceux qui veulent se mettre à collectionner comme moi des Yonger et Bresson, il me semble pertinent de rechercher les modèles automatiques de la fin des années 2000 et du début des années 2010, étant donné que beaucoup d’entre eux ne sont plus au catalogue depuis un certain temps et sont devenus très rares.

Pour ménager son budget, on traquera également les modèles quartz les plus intéressants des années 80 à 90, c’est-à-dire les modèles solides et de haute qualité esthétique. Avec un peu de patience, on peut trouver plein de modèles sympas pour moins de 20 euros, mais les prix montent vite sur certaines éditions devenues très rares.

Enfin, pour les plus déterminés et les plus fortunés, il faudra mettre la main sur les modèles désormais ultra-rares de l’époque des frères Louzon, en particulier les modèles portant la mention « made in USSR ». Mais autant vous le dire de suite : ces modèles sont quasiment introuvables, sauf dans les ventes aux enchères. Et il faudra y mettre le prix.

Il est un peu plus aisé de trouver des vieux modèles Y&B mécaniques avec systèmes « incabloc », « antichoc » et autres des années 70 et 80. Il est toutefois très rare d’en trouver en état satisfaisant. J’ai récemment acquis le modèle ci-dessous en parfait état de marche.

En vintage, il est également interessant de mettre la main sur les modèles portant la mention « Swiss Made », en particulier sur ce modèle « Cup » très rare :

En conclusion, je crois que le temps où un certain milieu d’amateurs méprisait Yonger et Bresson, à tort ou à raison, est révolu. Les jeunes générations, moins complexées, s’intéressent bien plus facilement à cette marque française qui commence enfin à retrouver des lettres de noblesse.

Commercialement, il semble que la marque se porte relativement bien, sans non plus avoir tout à fait atteint son plein potentiel. Ses montres se trouvent sur un segment de prix où des marques très vénérables comme Seiko, Orient ou même des plus jeunes comme Berny opposent une concurrence féroce.

D’un point de vue marketing, on dirait que le groupe Ambre a choisi la voie de la discrétion. Depuis 2010, plus aucune publicité n’a laissé entendre le célèbre slogan des années 1980. On trouve dans les tréfonds de Youtube une pub en italien qui semble dater de 2014 et dont l’esprit est aux antipodes de l’univers déjanté des anciens spots. Depuis l’introduction des mouvements automatiques maison, il semble donc que la direction souhaite opter pour une image plus austère, plus lisse, au risque de ne presque plus faire de communication du tout auprès du grand public. La boutique en ligne n’est qu’une page Spotify assez sommaire. Côté réseaux, pas de compte Twitter. Un compte Facebook/Instagram peu actif. C’est un peu léger en 2024.

Cependant cette retenue en matière de marketing peut se comprendre au vu des nombreux couacs qui ont marqué les années 90 et 2000. On sent que la direction se veut très prudente. Cela dit, il ne faudrait pas tomber dans l’excès inverse. Il y a bien des pistes pour affiner la communication de la marque sans trop en faire.

Il faudra un jour oser relancer les pubs qui ont fait la renommée de Y&B, en évitant bien sûr la réchauffe trop ostensiblement rétro. Je pense à quelque chose qui ressemblerait à la version filmée d’une pub J.Crew des années 1990 ou à une scène d’un film de Robert…Bresson.

J’ai toujours pensé que Yonger & Bresson avait ce côté très français, bourgeois et populaire, s’adressant comme par le passé à la jeunesse de bonne famille un peu rebelle tout comme au simple employé de bureau. Pour moi, Yonger & Bresson est une marque BCBG-populaire. Si le groupe Ambre souhaite relancer sa communication, il serait donc bien inspiré de cultiver une image qui lui permettra de rester toujours jeune et classique, dans l’esprit des frères Louzon.

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